La gourme, causée par la bactérie Streptococcus equi subsp. equi , est une maladie infectieuse très contagieuse chez les équidés. Une détection rapide et un isolement immédiat sont essentiels pour contrôler sa propagation et préserver la santé de votre élevage.
Symptômes de la gourme équine: identifier la maladie précocement
L'identification précoce de la gourme est cruciale pour un traitement efficace et une limitation de la propagation. Les symptômes évoluent en deux phases distinctes, nécessitant une vigilance constante.
Phase catarrhale: symptômes discrets et insidieux
Cette phase initiale se caractérise par des symptômes subtils, facilement confondus avec un simple rhume. On observe une légère fièvre (environ 38,5°C à 39°C), une certaine apathie ou dépression, une perte d’appétit, un écoulement nasal séreux (clair et aqueux), et une toux sèche ou légère. Ces signes, souvent discrets, nécessitent une surveillance attentive du comportement du cheval. Une prise de température régulière est recommandée, idéalement deux fois par jour.
Phase purulente: une évolution vers une maladie plus grave
L'évolution de la gourme vers la phase purulente se traduit par une aggravation des symptômes. L'écoulement nasal devient épais, purulent, et souvent jaunâtre ou verdâtre. Des abcès se développent fréquemment sous la mâchoire, au niveau des ganglions lymphatiques (adénite sous-maxillaire). Ces abcès peuvent atteindre une taille importante, parfois plus de 10 cm de diamètre. La formation d'abcès peut également survenir dans d'autres régions du corps, y compris les poumons, entraînant une toux plus importante et des difficultés respiratoires (dyspnée). Dans les cas sévères, la fièvre peut atteindre 40°C ou plus, avec une fréquence cardiaque dépassant 60 battements par minute et une fréquence respiratoire supérieure à 20 respirations par minute. L'état général du cheval se détériore rapidement.
Complications possibles de la gourme
Sans traitement approprié, la gourme peut entraîner des complications graves, voire mortelles. Des abcès peuvent se former dans des zones critiques, comme le cerveau (abcès cérébral), entraînant des troubles neurologiques sévères. Une pneumonie, due à une infection secondaire des poumons, peut survenir, aggravant considérablement le pronostic. Dans certains cas, une septicémie (infection généralisée du sang) peut se développer, constituant une menace vitale pour le cheval. La rapidité du diagnostic et du traitement est donc déterminante pour le pronostic du cheval.
Différencier la gourme d'autres maladies respiratoires
Il est crucial de distinguer la gourme d'autres affections respiratoires fréquentes chez les chevaux, telles que la grippe équine ou un simple rhume. Seul un vétérinaire, après un examen clinique complet et des analyses si nécessaire, peut établir un diagnostic précis. Un diagnostic erroné peut retarder le traitement adéquat, avec des conséquences néfastes pour la santé du cheval et la sécurité de l'élevage. La durée d'incubation de la gourme est d’environ 2 à 10 jours, ce qui rend la surveillance post-contact particulièrement importante.
- Rhume: Écoulement nasal clair et aqueux, toux légère, fièvre modérée (souvent inférieure à 39°C), pas d'abcès.
- Grippe équine: Fièvre élevée, toux intense, écoulement nasal abondant, dépression marquée, possible conjonctivite.
- Gourme: Écoulement nasal purulent, abcès sous-maxillaires fréquents, dyspnée possible dans les cas sévères, fièvre variable.
Protocole d'isolement et mesures de biosécurité: confinement et désinfection
L'isolement immédiat du cheval suspecté d'être atteint de gourme est impératif. Des mesures de biosécurité strictes doivent être mises en place pour éviter la contamination des autres animaux de l'élevage.
Isolement du cheval malade
Dès la suspicion de gourme, le cheval doit être immédiatement isolé dans un box séparé, de préférence à distance des autres boxes. Tout contact avec d'autres équidés doit être absolument évité. L'isolement doit durer plusieurs semaines après la disparition complète des symptômes cliniques, généralement au moins 30 jours, et sous le contrôle du vétérinaire traitant. Un box dédié et facilement désinfectable est recommandé. L'utilisation de matériel spécifique à ce cheval est également essentielle.
Quarantine des chevaux en contact
Les chevaux ayant été en contact direct avec le cheval malade, même indirectement (par exemple, en partageant une zone de pâturage), doivent être mis en quarantaine pendant au minimum 30 jours. Une surveillance clinique rigoureuse est nécessaire, avec une prise de température quotidienne. Si des signes suspects apparaissent, un isolement immédiat et une consultation vétérinaire sont impératifs. L’introduction de nouveaux chevaux dans l’élevage doit être suspendue pendant toute la durée de la quarantaine.
Mesures de désinfection rigoureuses
Une désinfection minutieuse du box, du matériel et des équipements utilisés pour le cheval malade est essentielle. Des désinfectants à large spectre, efficaces contre les bactéries et les virus, doivent être utilisés selon les instructions du fabricant, en respectant impérativement les temps de contact recommandés. Une solution d’hypochlorite de sodium à 1% est couramment utilisée, avec un temps de contact d’au moins 10 minutes. Le nettoyage mécanique préliminaire est important avant la désinfection chimique. Les déchets, les déjections et les matériels contaminés doivent être éliminés de manière appropriée, de préférence par incinération ou selon les directives des autorités locales compétentes.
- Désinfection des boxes: Nettoyage complet, puis application du désinfectant sur toutes les surfaces.
- Matériel: Désinfection de tous les équipements (râteliers, abreuvoirs, selles, brides, etc.).
- Vêtements et protections: Utilisation de vêtements de protection jetables par le personnel soignant.
- Hygiène des mains: Lavage régulier des mains avec un savon antiseptique.
Notification aux autorités vétérinaires
La déclaration de la gourme aux services vétérinaires compétents est obligatoire. La déclaration doit intervenir dans les 24 heures suivant la suspicion de la maladie. Le non-respect de cette obligation peut entraîner des sanctions.
Traitement et soins du cheval atteint de gourme: surveillance médicale
Le traitement et les soins d'un cheval atteint de gourme nécessitent une surveillance vétérinaire constante. L'approche thérapeutique est adaptée à la gravité de la maladie et à l'état du cheval.
Consultation vétérinaire immédiate
Dès les premiers signes suspects, une consultation vétérinaire est impérative. Le vétérinaire réalisera un examen clinique complet, et pourra réaliser des analyses de laboratoire pour confirmer le diagnostic (mise en culture de l'écoulement nasal). Un prélèvement d'écoulement nasal peut être nécessaire pour identifier la souche bactérienne et déterminer l'antibiotique le plus efficace. Le vétérinaire établira le traitement adapté et suivra l’évolution de la maladie. Le retard dans la consultation peut aggraver la situation et compromettre le pronostic du cheval.
Traitement antibiotique
Le traitement principal de la gourme repose sur l’administration d’antibiotiques. Le choix de l’antibiotique et la durée du traitement (généralement plusieurs semaines, parfois jusqu’à 6 semaines) dépendent de la sensibilité de la bactérie et de la réponse clinique du cheval. La pénicilline G est souvent utilisée, mais d'autres antibiotiques peuvent être nécessaires si une résistance est observée. Une analyse bactériologique permet de déterminer la sensibilité de la souche à différents antibiotiques.
Traitement symptomatique
En plus du traitement antibiotique, des traitements symptomatiques peuvent être nécessaires pour soulager le cheval. Des anti-inflammatoires peuvent être prescrits pour réduire la douleur et l'inflammation, notamment au niveau des abcès. Si des abcès importants se forment, un drainage chirurgical peut être requis pour éviter la rupture spontanée et la propagation de l'infection. Une surveillance attentive de l'état d'hydratation du cheval est essentielle, avec une administration de fluides par voie intraveineuse si nécessaire.
Soins de support
Des soins de support sont importants pour maintenir le confort et l'état général du cheval. Une alimentation riche en énergie et facile à digérer est recommandée pour favoriser la récupération. Un accès constant à de l'eau propre et fraîche est indispensable. Le nettoyage régulier et le pansement des abcès permettent de prévenir les infections secondaires. Une surveillance quotidienne de la température, du pouls et de la respiration permet de détecter rapidement toute complication. Le vétérinaire adaptéra le traitement en fonction de l'évolution de l'état clinique du cheval. En moyenne, un cheval atteint de gourme nécessitera une surveillance pendant 2 à 3 mois.
Prévention de la gourme: mesures de protection pour l'elevage
La prévention de la gourme repose sur des mesures d’hygiène rigoureuses et un haut niveau de biosécurité au sein de l'élevage.
Vaccination
La vaccination contre la gourme est une mesure préventive importante, même si elle ne garantit pas une protection à 100%. L’efficacité des vaccins peut varier selon les souches bactériennes. Un vétérinaire pourra vous conseiller sur le choix du vaccin le plus approprié en fonction du contexte de votre élevage et du risque d'infection. Il est souvent recommandé de vacciner les jeunes chevaux avant leur entrée dans un élevage.
Hygiène et biosécurité optimales
Le maintien d'un haut niveau d'hygiène et de biosécurité est fondamental pour prévenir la propagation de la gourme. Cela inclut une désinfection régulière des boxes, des équipements et du matériel, une gestion adéquate des pâturages pour éviter le surpâturage, et un contrôle rigoureux des déplacements des chevaux. L’isolement des nouveaux arrivants pendant une période de quarantaine est également essentiel. Une surveillance sanitaire régulière par un vétérinaire permet de détecter rapidement et de gérer efficacement tout cas suspect de gourme.
Gestion des achats de chevaux
Lors de l’achat d’un cheval, un examen vétérinaire pré-achat est crucial pour évaluer son état de santé et détecter d'éventuelles infections, incluant la gourme. Le choix d'un éleveur réputé et respectueux des normes d'hygiène est également un facteur important.
Contrôle des déplacements
Limiter les déplacements des chevaux et mettre en place une quarantaine post-déplacement contribue à réduire le risque d'introduction et de propagation de la gourme. Les transports doivent être désinfectés régulièrement et le contact avec d’autres chevaux doit être évité au maximum.
La gourme est une maladie sérieuse, mais une gestion rigoureuse basée sur la prévention, une détection précoce, et un traitement approprié permettent de la contrôler efficacement et de protéger la santé de votre élevage. L'intervention rapide d'un vétérinaire est essentielle pour un pronostic favorable.